La matinée de ce lundi s’annonçait radieuse avec les rayons du soleil qui tentaient de se frayer un chemin dans le ciel ombragé des alentours de Aux Aboies TV. Les oiseaux poursuivaient leur concert matinal comme pour souhaiter la bienvenue à Girelle. Dans les locaux , elle passe son premier jour de stage. Pas grand-chose à faire de la journée. Elias, son premier interlocuteur, lui a fait faire le tour de l’immeuble, du rez-de-chaussée jusqu’au bureau du DG au 4e étage, en passant par les bureaux des commerciaux, des comptables etc., pour revenir à la salle de rédaction.
La journée a tout pour être mémorable pour Girelle toute stupéfaite par la beauté du jour, son nouvel environnement de travail et surtout par l’accueil chaleureux qui lui est réservé. Le matériel dont dispose la télévision, le professionnalisme, dont font preuve les journalistes de la chaine à l’antenne… tout semble parfait, et au premier regard, Girelle est impressionnée. Elle passe sa toute première journée de stage très relaxée et très contente.
De retour à la maison le soir, sur son lit, sa peluche géante à côté, la jeune fille n’arrête pas de se remémorer ses premiers jours à la télévision. Sourire aux lèvres, une chose l’a marquée: la gentillesse de ses chefs. Elle s’est tout de suite sentie intégrée. Entre couverture d’évènement, simulation de journal télévisée, séance de travail à la régie, elle est comblée.
Les jours passèrent, les nuits se succédèrent, les taches s’accumulèrent et Girelle parait vivre pleinement sa passion. Les compliments sur son physique ne manquent pas non plus.
Du haut de ses 21 ans, Girelle ne passe pas inaperçue. Très à l’aise à l’oral, « elle a des atouts physiques non négligeables ». Ces mots, elle les a entendus d’Elias, le chef Desk People de la chaine. Ce dernier était en discussion avec le réalisateur Jos K. En effet, Girelle a un corps de rêve. “Dieu aurait pris tout son temps pour la façonner”, disaient-ils. Elle a un visage resplendissant, marqué par des lèvres brillantes, douces comme du Allocco (banane plantain). Ses yeux marron attirent au premier regard, comme pour hypnotiser. Ne vous y trompez pas, Girelle a tout pour plaire aux hommes, comme on le dit chez moi, « Ìbàdi ẹ l’ó ta bi ródó, Orekelẹwa ». Mais ces remarques sur son physique, elle les payera cher.
Le quotidien de Girelle devenait de plus en plus invivable. Les compliments déplacés sur son physique l’indisposent désormais. « Tu as des seins de rêve », « une belle fille comme toi est une déesse au lit ». C’est une première, pour elle, d’entendre ce genre de « compliments ». En réalité, Girelle a fait ses études secondaires en internat, auprès des sœurs. Pour avoir reçu une telle éducation, le comportement de ses collègues de travail la dérange.
Après avoir évoqué le sujet avec Ousmane, du service des renseignements, ce dernier lui conseille d’aller voir la Gestionnaire des Ressources Humaines, Jaelle. Entre étonnement et trahison, grande fut sa déception à la sortie du bureau de Jaelle, au 3e étage. « Tu es dans le domaine des médias. Si tu veux te faire un nom, tu dois te laisser faire ».
« Se laisser faire », une phrase qui retentit dans l’esprit de Girelle, tel un son de cloche qui annonce l’Angélus. (prière quotidienne chrétienne de l’Église catholique d’Occident).
Girelle tente d’amener l’affaire à un niveau plus haut. À la rédaction, elle n’est plus productive. Elle se fait harceler. Après plusieurs tentatives, elle obtient enfin un rendez-vous avec le Directeur Général de la télévision Aux Aboies TV, I. S. Zouba. Dans son bureau, au 4e étage, le sexagénaire, homme d’affaire influent du pays, est hypnotisé par la beauté de la jeune stagiaire de 21 ans. Girelle n’est pas sortie de l’auberge.